La voie du Bushido
Bushido et Hagakuré
LE BUSHIDO ET LE HAGAKURE :
Contrairement à son nom, le code de la chevalerie japonaise ne sera pas utilisé par les Bushis, mais par les samourais.
Il stipule les devoirs et les obligations morales des samourais. Quiconque s'en écarte est déshonnoré et perd ainsi sa qualité de samourais. L'ensemble de la vie de ces soldats était ainsi strictement ordonné et réglementé par deux grands ouvrages:
Le Bushido, proprement dit, apparut vers 1670 au Japon. Sa vocation est éthique Il fixait par écrit les grands principes moraux qui existait entre un samourai et son maître. Il fut l'oeuvre de Yamanaga Soko.
En 1716, un autre ouvrage l' Hagakure completa le Bushido pour la partie pratique en codifiant touts les actes des samurais. Il a été écrit par Yamanoto Tsunemoto. C'est de cet ouvrage dont se référera le romancier Yukio Mishima en se donnant la mort par Seppuku en 1970
L'HISTOIRE DU BUSHIDO :
Les origines du Bushidô sont très anciennes et difficiles à retrouver, car elles ne faisaient pas l'objet d'un code écrit, mais étaient plutôt une série de principes moraux, transmis de générations en générations. Ces premières règles apparurent avec les Bushis à la fin de la période Heian. Les premiers clans guerriers ( Bushidan ) apportèrent les codes moraux de leurs clans respectifs, qu'ils unifièrent.
Au milieu de l'époque Kamakura ces règles transmises oralement, commencèrent à être appliquées à l'ensemble des Bushis du Bakufu Minamoto. Ces codes provenaient en grande partie de la voie de l'Arc et du Cheval ( Kyûba no Michi ), base de l'enseignement des Bushis. Plus tard, l'influence morale des sectes Zen sur la classe des guerriers renforça ces principes éthiques pour aboutir à un code strict et dogmatique suivi dorénavant par l'ensemble des guerriers au XIII éme siècle.
C'est seulement à l'époque Edo, avec l'arrivée du néo-confucianisme, que les règles des guerriers connues sous le nom de "Tsuwamono no Michi" furent codifiées sous le nom de Bushidô par Yamaga Sôkô. Elles prirent la forme d'un recueil écrit, basé sur plusieurs documents rédigés à la fin de la période Momoyama. Servant de base aux Samourais durant toute la période Tokugawa, le Bushidô fut remis en avant par la classe militariste dés les années 1930. Mais la défaite militaire en 1945 provoqua son quasi-abandon par la société Japonaise.
LES PRINCIPES DU BUSHIDO :
Les grands principes du Bushidô étaient un ensemble de règles de vie empruntées à la fois aux religions ( Shintô, Bouddhisme ), aux écoles de pensée ( Confucianisme ) et aux principes militaires.
Cette doctrine composite permit de pouvoir donner un cadre de pensée à toute une classe de guerriers au travers des siècles.
Le principe le plus important du Bushidô est emprunté au Confucianisme.
Il place la loyauté ( Chûgo ) au plus haut des qualités requises.
Le Bushi donne ainsi sa vie à son seigneur, sans hésiter. Cette loyauté est également destinée à son clan, ses ancêtres et ses parents.
Le courage ( Yu ) vient ensuite comme qualité indispensable du guerrier.
L'acceptation du danger, le dédain pour la vie, la souffrance ou les privations impliquent le stoïcisme comme valeur fondamentale (" vivre quand il est juste de vivre, et mourir quand il est juste de mourir " ).
L'honneur de son nom ( Melyo ), de celui de son clan est une préoccupation constante du Samouraï.
Rien ne doit venir tacher la réputation du guerrier et donc par conséquent de son seigneur.
Enfin, la bienveillance ( Nasake ) est une vertu que doit développer le Bushi.
L'esprit d'équité, de justice, voire de bienveillance doit être mis en avant comme éthique personnelle.
L'HISTOIRE DU HAGAKURE :
En 1716, au coeur de la période Genrokû, un vassal du clan Nabeshima, Yamamoto Tsunetomo, débuta une série de conversations avec un autre Samourai du nom de Tashiro Tsuramoto.
Ce dernier entreprit alors de rédiger, par écrit, l'ensemble des conseils et des principes de conduite des guerriers du clan Nabeshima.
En 7 années, Tashiro Tsuramoto composa un ouvrage de 11 tomes où se trouvaient rassemblés environ 1.300 histoires et essais illustrant les qualités exemplaires que devaient posséder les samourais du clan Nabeshima.
Mais sa particularité la plus remarquable était la définition, pour la première fois, du Bushidô comme une voie conduisant immanquablement à la mort, but ultime de tout guerrier.
Ce principe restera illustré par la phrase célèbre " J'ai découvert que la voie du Samourai réside dans la mort"
Pendant presque 150 ans, cet ouvrage restera la propriété exclusive du clan Nabeshima.
C'est la restauration de Meiji qui le fit découvrir à l'ensemble de la nation Japonaise.
D'abord rejeté par l'élite Meiji qui voyait en lui un frein à la modernisation du Japon, le Hagakure fut, au contraire, encensé par la faction militariste qui gouverna le Japon jusqu'en 1945.
Mais après la défaite, et malgré l'admiration que lui portait l'écrivain Yukio Mishima , le Hagakure devint presque totalement oublié dans le Japon actuel.
LES PRINCIPES DU HAGAKURE :
Les principes du Hagakure se distinguent nettement de ceux du Bushidô. Alors que ce dernier visait à bâtir l'éthique morale de la fonction Samouraï, le Hagakure était une doctrine de formation personnelle du guerrier. Axé sur les efforts et le perfectionnement, ses principes pouvaient être appliqués dans la vie de tous les jours.
Le but le plus important du Hagakure était de réexpliquer la mission première du Samouraï : accomplir sa mission sans se soucier de sa propre vie. Il devait ainsi se préparer le plus complètement possible afin d'accomplir son destin, et donc accepter sa propre mort pour atteindre son but. Les conseils du Hagakure étaient donc centrés sur la préparation tant physique ( entraînement aux arts martiaux, résistance ) que morale ( stratégie militaire, contrôle de soi en toutes circonstances, formation ).
Au final, le Hagakure reste un code assez strict de l'éthique personnelle du guerrier. Il met en avant le degré élevé d'auto-exigence, prônant l'effort et l'amélioration permanente du Samouraï. Mais il faut néanmoins retenir que ce texte était décalé par rapport à son époque, car il n'existait plus, en cette période de "Pax Tokugawa", de combats ou de causes importantes, pour lesquels donner sa vie.
Définition de Bushido
BUSHIDÔ :
Code d’honneur et de comportement social qui exigeait du guerrier, Bushi ou Samouraï – ce dernier étant d’un rang plus élevé (Faux, pas de la même époque…NDLR)–, le sens de la justice et de l’honnêteté, le courage et le mépris de la mort, la sympathie envers tous, la politesse et le respect de l’étiquette, la sincérité et le respect de la parole donnée, la loyauté absolue envers les supérieurs et enfin la défense de l’honneur, du nom et du clan. Selon ce code, les Bushi, et plus particulièrement les Samouraï, devaient observer une étiquette sévère et consacrer leur vie et leur esprit à une ou des activités ‘dépassant l’homme ordinaire’ et transcendant la vie et la mort. Le bushidô est une manière d’être, de se comporter envers ses semblables, et une fidélité absolue à une ligne de vie (autrefois à un maître, à un supérieur), qui faisait appel au respect de soi et des autres, quels qu’ils fussent, faibles ou forts, ainsi qu’à la maîtrise parfaite de son mental, de ses pulsions et de ses passions, afin de maintenir l’esprit en harmonie (Wa) avec l’univers. Il est évident que cet idéal n’était atteint que très rarement.
D’après Louis Frédéric, Dictionnaire des Arts Martiaux (éd. Félin).