Palantir Célèste !

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Sur la méditation


Méditer en marchant et Vision profonde

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Source : Jacques Languirand in "RADIO CANADA" - Par 4 chemins.

 

 

La technique de méditation en marchant que je vous propose est relativement simple et d'une grande efficacité.

 

Elle repose sur la différence entre


• voir (l'ensemble)


• et regarder (un point en particulier).


Elle consiste simplement à voir plutôt qu'à regarder.

 

Mais il s'agit en fait d'exercer un contrôle non pas sur la vue – qui assure toujours à la fois les deux fonctions : voir et regarder – mais sur l'attention.

 

Cette technique consiste à élargir l'attention à l'ensemble de ce qui est perçu, donc à ce qui est vu plutôt que de la restreindre à ce qui est regardé.

 

Autrement dit, pour employer un langage plus technique, il s'agit de dissocier l'attention de la vision restreinte assurée par la fovea centralis (et, relativement, par la macula oblongata) pour l'investir dans le champ visuel élargi, en fonction de la vision périphérique.


Je connais, pour l'avoir pratiquée, la technique inspirée du Vipassana (technique bouddhique de méditation) qui consiste, pendant la marche ralentie, à être attentif au moindre mouvement du corps.

 

Mais j'étais à la recherche d'une technique qui permettrait, pendant la marche normale, d'apaiser le fonctionnement du mental, de favoriser la conscience du corps de même que la présence à soi.

 

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Ce qu'il faut savoir sur la vue...

 

La vision se définit à trois niveaux :


• La fovea: zone restreinte où la vision est la plus nette, mais de 3º à 4º seulement, qui permet de focaliser.


• La macula: zone où la vision est moins nette que celle de la fovea, mais de 12º à 15º en largeur et de 15º à 18º en hauteur, et de forme ovoïde.


La vision périphérique: zone où la vision est encore moins nette, mais dont le champ est d'environ 160º à 180º.

 

La perception au niveau de la fovea et de la macula est assurée par les cônes qui permettent de percevoir la forme et les couleurs; alors que la perception au niveau de la vision périphérique est assurée par les bâtonnets qui permettent de percevoir le mouvement.

 

Ce dernier point est important dans la mesure où la perception du mouvement n'est pas que visuelle mais aussi de nature spatiale, donc associée à l'expérience tactile.

 

La vision périphérique contribue donc aussi à se percevoir dans l'environnement.


Les différents niveaux de perception visuelle font l'objet d'un collage par le cerveau, ce qui donne l'impression d'une expé-rience unifiée.


Comme on le voit, il s'agit d’une question complexe.

 

Je ne vais retenir pour la suite de cet exposé que les informations démontrant la différence entre la perception visuelle assurée par la fovea (et la macula) – regarder – et celle qui est assurée par la vision périphérique – voir.

 

Afin de bien saisir cette différence, il est capital d'en faire soi-même l'expérience.

 

Je vous suggère donc de constater

 

a) que la vision focalisée, assurée surtout par la fovea, est restreinte : il suffit de regarder un objet, qu'il soit proche ou éloigné, pour constater qu'on n'en perçoit avec netteté qu'une toute petite partie;


b) et qu'il est possible de prendre conscience de la vision périphérique en élargissant le champ de l'attention des deux côtés à la fois sans bouger les yeux.


Telle est, en somme, la différence entre regarder – vision restreinte et voir – vision élargie.


Et telle est, par ailleurs, la différence au niveau de l'expérience visuelle entre l'attention active – regarder; et l'attention passive – voir.


Regarder est donc associé à l'attention active; voir, à l'attention passive.


Deux expressions, en langue anglaise, rendent particulièrement bien la différence entre l'attention active: "to be conscious of", et l'attention passive: "to be aware of".


Je viens d'en faire encore une fois l'expérience.

 

J'ai d'abord levé les yeux pour regarder une fleur qui se trouve dans un vase sur ma table de travail; puis, sans cesser de regarder cette fleur, j'ai élargi le champ de mon attention en fonction de la vision périphérique, de façon à voir d'un côté la porte et de l'autre la fenêtre, devenant ainsi conscient – mais au sens anglais de "aware" – de la totalité du champ visuel.


Méditer en marchant consiste précisément à élargir le champ de l'attention en fonction de la vision périphérique : donc, à voir plutôt qu'à regarder, passant ainsi de l'attention active à l'attention passive.


Or, chaque fois que j'élargis ainsi le champ de l'attention, passant de l'attention active à l'attention passive, je constate :


• que l'environnement ne me paraît plus être à l'extérieur de moi, mais que je me perçois, au contraire, à l'intérieur – augmentant ainsi mon sentiment de participation;


• qu’il m'est plus facile, lorsque mon attention correspond à la vision périphérique, de prendre conscience de mon corps, de ma présence ici et maintenant, et d'être conscient de moi-même, conscient d'être;


• enfin, qu'il m'est plus facile, aussi, d'apaiser le fonctionnement du mental : dans la mesure où l'attention passive est soutenue, "ça" cesse de parler dans ma tête...


Élargir le champ de l'attention en fonction de la vision périphérique représente donc, à toutes fins utiles, une technique de méditation.

 

Lorsque l'expérience visuelle s'apparente à l'expérience audio-tactile

 

Passer de l'attention active, correspondant à la vision de la fovea, à l'attention passive, correspondant à la vision périphérique, entraîne une modification au niveau même de la perception sensorielle : l'expérience que l'on fait de l'environnement et de sa relation à l'environnement n'est plus à proprement parler de nature visuelle, bien qu'elle soit déterminée par la vue, mais, relativement, de nature audio-tactile.


Je m'explique :


Lorsque je regarde, je me perçois à l'extérieur de ce que je regarde – depuis un point de vue; mais, au contraire,

lorsque je vois, je me perçois à l'intérieur de ce que je vois.


Regarder particularise, détache l'observateur de l'objet observé; voir généralise, globalise, rattache l'observateur à l'environnement.


Voir est, par rapport à regarder, comme entendre, par rapport à écouter.


Je suis à l'intérieur de ce que j'entends.

 

Je participe de ce que j'entends.

 

De même, je suis à l'intérieur de ce que je vois. Je participe de ce que je vois.


Or, dans la mesure où, dans l'expérience de voir, l'oeil n'est plus actif mais devient passif, où l'attention elle-même n'est plus active mais passive, où l'observateur ne se perçoit plus à l'extérieur mais à l'intérieur de l'environnement, l'expérience visuelle s'apparente alors à l'expérience audio-tactile.

 

Et c'est pourquoi d'ailleurs il suffit de passer de l'attention active à l'attention passive pour qu'il soit relativement facile de prendre conscience de son corps dans l'environnement, de sa présence ici et maintenant – de devenir conscient d'être.


Pour plus de précisions sur la différence entre l'univers du visuel et celui de l'audio-tactile, voir: le toucher


Une expérience de biofeedback

 

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Il y a quelques années, un ami neurologue m'a invité à faire une expérience de biofeedback dans son laboratoire.


Cette expérience m'a permis de constater que, lorsqu'on passe de l'attention active (regarder) à l'attention passive (voir), les ondes émises par le cerveau vont du tracé bêta, associé à l'état d'éveil et à la conscience ordinaire, au tracé alpha, associé à la relaxation, à la méditation et à la créativité.


Raccordé à un électroencéphalographe (EEG), je devais m'entraîner à exercer un contrôle sur les états favorables à l'émission d'ondes alpha par le cerveau.

 

L'expérience consistait à identifier ces états afin de pouvoir ensuite les recréer, suscitant ainsi à volonté l'émission d'ondes alpha.


Après avoir fait les expériences habituelles : fermer les yeux, me relaxer, suspendre le fonctionnement du mental..., avec le résultat escompté, je me suis mis à modifier le champ de mon attention, les yeux fermés mais comme s'ils étaient ouverts, passant ainsi de l'attention active, correspondant à la vision restreinte de la fovea, à l'attention passive, correspondant à la vision périphérique.

 

Or, chaque fois que mon attention corres-pondait au champ élargi de la vision périphérique, mon cerveau émettait surtout des ondes alpha – ce qui était dans l'ordre des choses puisque j'avais les yeux fermés; mais chaque fois que mon attention correspondait à la vision restreinte de la fovea – et bien que j'eusse les yeux fermés – mon cerveau émettait surtout des ondes bêta...


Voulant pousser plus loin l'expérience, je me suis alors appliqué à restreindre et à élargir alternativement le champ de l'attention, mais cette fois les yeux ouverts. Le résultat de cette variante me parut encore plus significatif : bien que rien ne permît aux observateurs de constater une modification au niveau de mon attention, allant de l'attention active à l'attention passive, autrement dit, passant de la vision restreinte de la fovea au champ élargi de la vision périphérique, mon cerveau émettait davantage d'ondes alpha.


J'en conclus que, même si on a les yeux fermés, lorsque l'attention correspond à la vision restreinte de la fovea, le cerveau émet davantage d'ondes bêta; mais que, par ailleurs, même si on a les yeux ouverts ou, de préférence, entrouverts, lorsque l'attention correspond au champ élargi de la vision périphérique, le cerveau émet davantage d'ondes alpha.


Ce qui revient à dire que le fait d'émettre des ondes bêta ou alpha ne découle pas seulement de ce qu'on a les yeux ouverts ou fermés; mais qu'il est possible de modifier les tracés, selon que l'attention est active ou passive, et ce, que l'on ait les yeux ouverts ou fermés...


Cette expérience de biofeedback m'a donc appris qu'il est possible d'émettre des ondes alpha les yeux ouverts, et encore davantage les yeux entrouverts, à la condition d'élargir l'attention en fonction de la vision périphérique. Ce qui revient à dire que, ce faisant, on se trouve en état de méditation.


C'est sur cette observation que repose la technique de méditation en marchant que je suggère.


En résumé, il s'agit de voir plutôt que de regarder, en élargissant le champ de l'attention en fonction de la vision périphérique; et de garder ainsi l'attention passive.

 

De la pratique du ZAZEN...

 

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Dans la pratique de zazen – la méditation dans la tradition du bouddhisme zen – on accorde la plus grande importance à la posture qui, à une étape, devient l'objet même de la concentration.

 

La méditation prend alors appui sur la conscience du corps dans l'environnement, une expérience essentiellement tactile. Je crois nécessaire de rappeler ici que le sens du toucher est complexe par définition : il comprend, entre autres, le sens musculaire qui permet de percevoir la position du corps, autrement dit de se percevoir dans l'environnement.

 

Il se trouve, par ailleurs, que zazen se pratique les yeux entrouverts, ou plus précisément, comme l'écrit Marc de Smedt : "... le regard mi-clos, mi-intérieur, mi-extérieur" – formule très heureuse.

 

Il s'agit ici, en effet, de restreindre la vue et d'étendre le champ de l'attention devenue passive, en fonction de la vision périphérique, ce qui a pour effet, comme on l'a vu plus haut, de favoriser la perception audio-tactile et tout ce qu'elle implique : la conscience du corps, la présence à soi ici et maintenant, la conscience d'être...

 

Autrement dit, de tourner le regard vers l'intérieur, vers le sujet.

 

Je n’arrive plus à me souvenir où j'ai lu que les myopes... –si vous me permettez cette digression qui n'est peut-être pas sans rapport – ...les myopes, donc, sont en général plus "sensuels": audio-tactiles, par la force des choses!

 

Un ami – myope, comme on va le voir – à qui je communiquais, avec un certain sourire, cette ‘tautologie’ m'assura avec chaleur qu'il en était bien ainsi pour la raison que les myopes, ne parvenant pas à voir le monde distinctement, chercheraient à en confirmer la réalité par le toucher...

 

De là à se demander dans quelle mesure les myopes, audio-tactiles par définition, n'auraient pas une meilleure image de leur corps?

 

Peut-être aussi une meilleure conscience de leur corps?

 

Est-il permis de penser que les myopes auraient plus de facilité... à développer la 'présence à soi'?

 

Ces questions, je le sens bien, me portent à me laisser dériver...

 

Il n'y a pas de doute, en effet, que restreindre la vue, soit en fermant les yeux, soit en les gardant mi-clos, soit même en déplaçant l'attention en fonction de voir plutôt que de regarder, favorise la perception audio-tactile qui, à son tour, favorise la conscience du corps, qui favorise la présence à soi et la conscience d'être...

 

Pour délirante que puisse paraître cette audacieuse association, elle n'en est pas moins confirmée par les travaux de l'anthropologue canadien Edmund Carpenter, longtemps associé à ceux de Marshall McLuhan, sur la perception sensorielle et la communication, et qui est absolument formel sur ce point: restreindre le sens de la vue – ce que faisaient, selon lui, les jeunes hippies de l'époque, devenant ainsi des audio-tactiles en conflit avec leurs parents, visuels – a pour effet d'intérioriser la perception qui, de l'objet (extérieur) se tourne vers le sujet (intérieur); a même pour effet de l’orientaliser – l'expression est de lui. C'est à quoi je pensais chaque fois qu’il m'a été donné, depuis, de découvrir des photos de Maîtres spirituels d'Orient nous les montrant les yeux mi-clos.

 

Ces Maîtres sont, de toute évidence, des audio-tactiles: pour eux la réalité n'est pas à l'extérieur mais à l'intérieur; leur conscience n'est pas tournée vers l'objet à l'extérieur d'eux-mêmes, mais vers le sujet à l'intérieur, et leur démarche vise à développer la présence à soi, la conscience d'être – principe de la réalisation du Soi.

 

... à la tradition des arts martiaux

 

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J'ai aussi trouvé la confirmation de cette observation dans les arts martiaux.


La différence entre voir et regarder est même l'une des règles du Bushido définies par le grand Maître japonais Miyamoto Musashi, dont il nous est sans doute possible, parvenus à cette étape de notre démarche, de mieux saisir la portée.


"Les samouraïs doivent (...) aiguiser les deux fonctions de leurs yeux : voir et et
ainsi n'avoir aucune ombre. (...) La position doit permettre de voir largement et vastement.

 

Entre voir et regarder, voir est plus important que regarder.

 

L'essentiel dans la tactique est de voir ce qui est éloigné comme si c'était proche et de voir ce qui est proche comme si c'était éloigné.

 

L'important dans la tactique est de connaître le sabre de l'adversaire, mais de ne pas regarder du tout ce sabre adverse.

 

Méditez bien là-dessus.

 

Cette position des yeux convient aussi bien dans la tactique du simple duel que dans une bataille. (...)

 

Le premier point est de savoir regarder de côté sans bouger les pupilles.

 

Toutes ces positions ne peuvent être acquises d'un seul coup dans les moments d’urgence.

 

Donc, ayez bien en tête tout ce que j'ai écrit jusqu’ici, gardez bien cette position des yeux dans la vie quotidienne et en toutes occasions ne modifiez pas la position de vos yeux.

 

Réfléchissez bien à tout cela."

 

Il n'y a pas de doute que Musashi parle bien ici de la même chose.

 

Lorsqu'il dit : "Voir est plus important que regarder...", il ne peut s'agir que de la différence entre la vision restreinte de la fovea (regarder) et la vision périphérique (voir).


Telle est, en somme, la technique de la méditation en marchant.

 

 

Une technique de rappel à soi

 

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Cela nous amène aux techniques de rappel à soi de George I. Gurdjieff, qui visent à éveiller la conscience d'être.

 

Car nous sommes rarement conscients de nous-mêmes.

 

Le plus souvent, nous nous définissons au niveau de la conscience ordinaire, sans être conscients d'être.

 

Aux techniques de rappel à soi qu'on trouve d'ailleurs non seulement chez Gurdjieff mais, comme je devais aussi le découvrir, dans d'autres écoles de sagesse, je suggère d'ajouter celle que j’ai tenté de définir dans cet exposé.


En résumé, cette technique peut se ramener à la formule que j'ai proposée au début : dissocier l'attention de la vision restreinte de la fovea (regarder) et l'investir dans le champ élargi de la vision périphérique (voir).


J'estime, pour en avoir souvent fait l'expérience, qu'elle est d'une très grande efficacité... à propos d'efficacité, il est peut-être utile que je parle brièvement, en terminant, du rôle de la respiration.

 

Je suggère, au moment d'élargir l'attention à la vision périphérique, d'inspirer lentement, puis d'expirer plus rapidement.

 

L'inspiration favorise la concentration, alors que l'expiration entraîne souvent une diffusion de l'attention.

 

Comme en témoigne un des principes de la lecture rapide : on retient mieux... ce qu'on inspire!

 

C'est la raison, du moins je le suppose, pour laquelle, dans certaines pratiques méditatives, celle de zazen en particulier, on demande de mettre plutôt l'accent sur l'expiration – afin sans doute de compenser la tendance à la diffusion de l'attention, parvenant ainsi à une concentration plus égale.

 

Mais il demeure que chaque fois qu'on a du mal à concentrer son attention, il faut s'appuyer sur l'inspiration, le temps de reprendre le contrôle de la concentration, pour ensuite s'appuyer au contraire sur l'expiration, ce qui rend la concentration plus stable.


Voir, c'est la technique de méditation que j'associe plus particulièrement à la marche, mais qui trouve aussi à s'appliquer à peu près à toutes les situations de la vie.


26/10/2016
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PREMIÈRE ÉTAPE - La Relaxation "ici et maintenant"

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Source : Jacques Languirand in "RADIO CANADA" - Par 4 chemins.

 

PREMIÈRE ÉTAPE - La relaxation ici / maintenant

 

Je vous propose, ici, un exercice de relaxation dans l'action.

 

Simple mais très efficace, cet exercice consiste à relaxer successivement trois points du corps: la nuque, les mains et le plexus solaire.

 

C'est un exercice qui offre l'avantage de pouvoir être pratiqué entièrement ou partiellement dans à peu près n'importe quelle circonstance.

 

Dans les situations de stress, on peut observer que la tension est particulièrement grande au niveau de ces trois points: la nuque, les mains et le plexus solaire.

 

Lorsque la tension est entretenue pendant un certain temps, l'énergie se trouve pour ainsi dire bloquée.

 

D'abord, la nuque

 

Plus exactement, à partir de la nuque, de la région du cou et des épaules.

 

Il est très important de veiller à détendre cette région dont la tension est souvent associée aux maux de tête.

(La détente de cette région du corps entraîne généralement un soulagement rapide.)

 

L'exercice consiste à tourner l'attention vers la nuque et à prendre conscience de cette région du corps.

 

Déjà, le fait de détourner votre attention de vos préoccupations est bénéfique, comme toujours.

 

Quelques mouvements de rotation du cou, de bas en haut et de chaque côté, lentement et sans effort, permettent d'obtenir une détente presque immédiate.

 

On bouge la tête comme si on voulait lui trouver un meilleur point d'équilibre.

 

Dans les situations de stress, la tête a tendance à se porter vers l'avant.

 

C'est précisément cette mauvaise posture qu'il s'agit de corriger.

 

Puis, les mains

 

Il faut d'abord adopter une position qui facilite le relâchement de la tension dans les mains, soit en les posant sur les cuisses ou en reposant les avant-bras, par exemple sur les bras d'un fauteuil, de façon que les mains se trouvent dans le vide.

 

Ce mouvement permet d'en vérifier le relâchement.

 

L'attention doit se porter en particulier sur les poignets.

 

Il s'agit de ne plus offrir de résistance.

 

À quelques reprises, pendant environ une minute, vous fermez fortement les poings, puis vous relâchez la tension.

 

Une certaine attitude mentale doit aussi accompagner l'exercice physique: renoncez provisoirement au combat, abandonnez-vous, lâchez prise.


Enfin, le plexus solaire

 

Ce plexus se trouve à quelques centimètres sous le sternum.

 

La tension au niveau du plexus nuit à la respiration abdominale, autrement dit elle empêche l'air de descendre dans l'abdomen et bloque la circulation de l'énergie.

 

Il est d'ailleurs important de constater que les émotions ont toujours pour effet de créer une tension dans la région du plexus solaire.

 

Le blocage se produit au niveau du diaphragme.

 

Il s'agit d'un muscle involontaire mais sur lequel il est possible d'agir par la détente du plexus solaire.

 

Après avoir adopté une posture relativement droite, étant assis ou debout, prenez conscience de votre plexus solaire.

 

Voyez la tension.

 

Puis respirez profondément à quelques reprises, de façon à susciter une détente.

 

La nuque, les mains, le plexus solaire.

 

Cet exercice de relaxation dans l'action offre aussi l'intérêt de vous aider à prendre conscience des circonstances de la vie ou des moments de la journée où vous êtes plus tendu.

 

Cette prise de conscience et votre intervention ponctuelle vont vous permettre d'exercer une plus grande maîtrise sur votre vie et de favoriser ou d'entretenir chez vous l'état de relaxation dans l'action.

 

 


26/10/2016
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DEUXIÈME ÉTAPE - La respiration abdominale

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Source : Jacques Languirand in "RADIO CANADA" - Par 4 chemins.

 

 

DEUXIEME ETAPE - La respiration abdominale

 

Je vous propose maintenant un exercice de respiration.

 

Avec la lumière et la nourriture, l'air est une source essentielle d'énergie.

 

Il est donc possible d'augmenter considérablement notre énergie si nous respirons correctement, c'est-à-dire si nous adoptons une respiration ample et profonde.

 

Les tensions ont précisément pour effet de réduire l'ampleur et la profondeur de la respiration.

 

Lorsque, par exemple, nous éprouvons une émotion (de colère, de peur...) ou lorsque nous nous trouvons dans une situation de stress, les muscles de l'abdomen se contractent, ce qui a pour effet de rendre la respiration plus difficile.

 

Au départ, la respiration est un mécanisme involontaire.

 

Mais pour corriger nos mauvaises habitudes respiratoires, et pour maîtriser nos émotions et augmenter notre énergie, nous devons, à l'occasion, en faire une pratique volontaire.

 

Il s'en suivra une détente aussi bien psychologique que physique, puisque les deux niveaux de fonctionnement sont étroitement liés.

 

À quelques reprises au cours de la journée, je dirais au moins une dizaine de fois, vous allez donc intervenir volontairement dans votre respiration.

 

Il n'est pas toujours possible de le faire dans la position allongée, mais le résultat sera à peu près le même si vous le faites debout, par exemple dans un ascenseur, ou assis à votre table de travail…

 

Si vous êtes debout, écartez un peu les jambes ou basculez légèrement le bassin vers l'avant.

 

Si vous êtes assis, maintenez le dos aussi droit que possible, sans tension, en vous calant au fond de votre fauteuil.

 

L'exercice consiste d'abord à prendre conscience de la respiration (inspiration/expiration) sans intervenir.

 

Puis, après quelques respirations, vous commencez à intervenir en augmentant l'ampleur et la profondeur de la respiration.

 

En d'autres mots, vous augmenterez petit à petit le volume d'air que vous poussez sans effort vers l'abdomen.

 

Il y a deux types de respiration: thoracique et abdominale.

 

La respiration volontaire doit être abdominale.

 

Les épaules ne bougent pas et l'abdomen se gonfle et se dégonfle lentement, comme un ballon.

 

C'est de cette façon que respire l'être à l'état naturel.

 

Les bébés, du reste, ont normalement une respiration abdominale.

 

Enfin, vous devez vous entraîner à mettre l'accent sur l'expiration et non pas sur l'inspiration. Poussez l'air vers l'extérieur et laissez-vous, pour ainsi dire, inspirer, pour pousser à nouveau...

 

Il est aussi important durant cet exercice d'observer la respiration, le mouvement respiratoire (l'inspiration et l'expiration).

 

L'observation de la respiration est un des meilleurs moyens de développer l'attention au corps.

 

Nos mouvements respiratoires correspondent à nos émotions.

 

Certaines émotions peuvent même provoquer une suffocation.

 

Je m'intéresse ici plus particulièrement, bien sûr, à l'effet de nos émotions négatives contrairement à nos émotions positives qui ont pour effet de stimuler l'organisme et de l'oxygéner.

 

L'exercice terminé, employez-vous à respirer de cette façon, à l'occasion, durant vos activités quotidiennes.

 

 


26/10/2016
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TROISIÈME ÉTAPE - Le rappel à soi

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Source : Jacques Languirand in "RADIO CANADA" - Par 4 chemins.

 

TROISIÈME ÉTAPE  - Le rappel à soi

 

Je vous propose maintenant un exercice de rappel à soi.

 

Le rappel à soi est une constante que l'on trouve, sous une forme ou une autre, dans l'enseignement de toutes les grandes écoles traditionnelles.

 

Il existe d'ailleurs plusieurs techniques de rappel à soi qui sont associées, soit à la pratique méditative, soit à l'action, comme c'est le cas en particulier dans les arts martiaux.

 

Voici en quelques mots la technique de rappel à soi que je vous suggère.

 

Regardez un objet, n'importe lequel, qui se trouve devant vous.

 

Pendant un certain temps, concentrez votre attention sur cet objet.

 

Puis employez-vous à devenir, en même temps, conscient de regarder cet objet, c'est-à-dire conscient de vous-même regardant cet objet.

 

Vous devez être à la fois tourné mentalement vers l'objet et pleinement conscient d'être là, autrement dit conscient d'être, ou encore, présent à vous-même.

 

Le rappel à soi suppose donc une division de l'attention entre l'objet observé et le sujet qui observe.

 

On peut définir le rappel à soi comme une pratique qui permet de prendre conscience d'être ici et maintenant, et de développer la présence à soi.

 

Pour mieux saisir l'importance d'une pratique qui vise à développer la conscience d'être, il faut savoir que, selon la pensée traditionnelle, il existe trois niveaux de conscience:

 

• la conscience ordinaire que nous partageons avec les animaux;

 

• la conscience d'être qui est en principe le propre de l'être humain; c'est la conscience de soi qui s'ajoute à la conscience ordinaire;

 

• enfin, la conscience cosmique qui est un élargissement de la conscience d'être en fonction d'un sentiment de participation à la conscience universelle.

 

Nous nous trouvons le plus souvent, il faut bien le dire, au niveau de la conscience ordinaire, avec à l'occasion des éclairs de conscience d'être.

 

Autrement dit, nous sommes à une étape de notre évolution où nous devons nous employer à augmenter la conscience d'être.


Comme le dit Louis Pauwels :

 

"Je me regarde regarder. Je me regarde regardant. Je me rappelle à moi-même dans l'acte de regarder.

 

Il s'agit d'établir une perception compacte et fixe, par rapport à un Je compact et fixe.

 

La réelle conscience naît de ce double effort."

 

Dans sa jeunesse, Louis Pauwels a appartenu aux "groupes Gurdjieff". 

 

Cette technique de l'observation de soi était l'une de celles que l'on y enseignait

 

Une première constatation s'impose: nous ne sommes presque jamais conscients d'être.

 

Si mes explications sont claires et si vous faites cet exercice avec sérieux, la difficulté d'être conscient va se révéler à vous, et ce peut-être pour la première fois.

 

On peut aussi pratiquer cette technique, par exemple, en marchant.

 

Je deviens alors conscient d'être en train de marcher.

 

On serait tenté de dire: être conscient d'être marchant ou accomplissant telle tâche, faisant tel exercice...

 

Il faut privilégier ici les activités physiques.

 

Vous pourrez évaluer votre capacité de rappel, autrement dit d'être présent à vous-même, à ceci que les pensées (et les émotions) se trouvent alors arrêtées.

 

C'est, du reste, le premier intérêt que présente cet exercice: celui de suspendre les pensées et les émotions, ce qui a pour effet de créer une distance, non seulement par rapport au monde extérieur, mais aussi par rapport à son propre mental.

 

Cette distanciation permet de diminuer les tensions occasionnées par le stress, sans compter qu'elle se traduit toujours par un sentiment de joie.

 

À long terme, cet exercice a pour effet d'élever le niveau de conscience.

 

Vous ne pouvez espérer réussir cet exercice, relativement difficile, que pendant quelques instants.

 

Mais dès que vous aurez réussi à vous rappeler à vous-même à quelques reprises, pour quelques instants seulement, vous comprendrez qu'il s'agit d'un exercice fondamental.

 

Cette compréhension ne peut venir que de l'expérience même.

 

Le rappel à soi est comme une noix: brisez la coquille et vous trouverez l'amande !

 

Engagez-vous à faire cet exercice pour une seule journée à la fois.

 

Il est inutile de vous engager à le faire pour la vie, car vous ne tiendrez pas votre engagement...

 

Dites-vous que vous allez le pratiquer à quelques reprises pendant vingt-quatre heures et prenez à nouveau cette résolution quelques jours plus tard.


26/10/2016
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QUATRIÈME ÉTAPE - "Le Yoga-Instant"

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Source : Jacques Languirand in "RADIO CANADA" - Par 4 chemins.

 

QUATRIEME ETAPE - Le yoga-instant

 

Je vous propose maintenant un exercice de concentration et de visualisation.

 

Cette technique, qui n'exige que deux ou trois minutes par jour et que pour cette raison on appelle le yoga-instant, est très efficace pour nettoyer le mental ou, comme on dit, "se rafraîchir les idées" et repartir à neuf.

 

Il s'agit, à quelques reprises au cours de la journée, de suspendre un moment vos activités et, les yeux fermés, de visualiser une petite sphère lumineuse,

 

Comme une balle de lumière dorée au milieu du front, au niveau de ce que les écoles de sagesse appellent le troisième œil.

 

Il faut d'abord imposer à la conscience la présence de cette sphère lumineuse au milieu du front, de cette petite balle de lumière, ce qui exige de maintenir la concentration jusqu'à ce que l'image intérieure devienne relativement stable.

 

Puis on déplace lentement la sphère d'un côté et de l'autre en s'aidant par un mouvement des yeux sous les paupières fermées, assez longtemps pour parvenir à exercer une certaine maîtrise sur le mouvement.

 

Enfin, on visualise la sphère qui fait le tour de la tête, dans un sens puis dans l'autre, formant ainsi comme un bandeau lumineux.

 

Pour une plus grande efficacité, il faut ajouter à la concentration et à la visualisation l'impression de faire le ménage dans sa tête.

 

Cet exercice, comme la plupart des exercices de ce genre, peut sembler un jeu d'enfant.

 

Pour en saisir l'utilité, il faut d'abord comprendre le fonctionnement du mental.

 

L'expérience démontre qu'il est pratiquement impossible de suspendre le bavardage du mental, que dans certains enseignements on compare à un âne ivre.

 

Il suffit de s'asseoir un moment et de fermer les yeux avec l'intention de faire le vide mental pour saisir la difficulté de l'entreprise.

 

C'est un peu comme de tenter de maintenir dans l'eau un ballon gonflé d'air qui cherche à remonter: plus on parvient à l'enfoncer, plus la poussée de retour est forte.

 

Le mental ordinaire est un flot continuel de paroles, de pensées et d'émotions, dont l'enchaînement ininterrompu est plus ou moins rapide selon les circonstances extérieures ou les états d'âme.

 

Le mental, qui obéit à un processus d'association sur lequel il est pratiquement impossible d'intervenir, est plus agité par exemple lorsque l'on est fatigué ou que l'on se trouve en situation de stress.

 

En particulier, ce que l'on appelle la paranoïa sensitive, autrement dit, lorsque l'on se sent victime du sort et rejeté par les autres, alimente puissamment le mental.

 

Il est donc important d'être conscient du fonctionnement de son mental, de le voir comme de l'extérieur et d'apprendre à exercer sur lui une certaine maîtrise.

 

Au lieu de s'employer vainement à faire le vide, avec ce que cela suppose de frustrations, il faut plutôt fournir au mental un objet qui l'occupe, ce qui a pour effet de rompre la chaîne des associations.

 


26/10/2016
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