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La science prédit l'effondrement de notre civilisation industrielle

De nouveaux travaux scientifiques prédisent la fin de notre civilisation industrielle : incapable d'évoluer, elle pourrait s'effondrer comme d'autres dans l'histoire de l'Humanité, principalement à cause des inégalités dans la répartition des richesses et de la surexploitation soutenue et croissante de ressources limitées.

La « fin du monde » ou plutôt la fin de nos civilisations actuelles est un sujet récurent et tout à fait plausible ne serait-ce que par les menaces d'origines naturelles. Mais c'est bien l'Homme qui est devenu la cause la plus probable et immédiate de sa propre extinction :

« l'Homme est un loup pour l'Homme » reprenait déjà Sigmund Freud dans son livre Malaise dans la civilisation, une locution qui prend tout son sens à l'aube d'un désastre. Un projet de recherche très sérieux, dirigé par le mathématicien Safa Motesharrei et soutenu par la fondation National Socio-Environmental Synthesis Center, en association avec une équipe de chercheurs en sciences naturelles et sociales, s'est appuyé sur le modèle HANDY (Human And Natural DYnamical) financé par la NASA pour élaborer des scénarios sur l'avenir de notre civilisation industrielle.

Des travaux publiés dans le sérieux Elsevier Journal Ecological Economics. Cette étude note que les prédictions de fin du monde, de plus en plus fréquentes, sont très controversées et souvent jugées peu sérieuses. Pourtant, cette recherche tente de donner un sens à des données historiques convaincantes montrant que le processus de naissance et d'effondrement des civilisations est une réalité historique cyclique et courante.

Selon des recherches historiques actualisées, des civilisations complexes sont susceptibles de s'effondrer, soulevant des questions quant à la viabilité de nos civilisations modernes, citant la chute de l'Empire romain, des mésopotamiens mais aussi d'empires « moins connus » et sans doute autant avancés comme Maurya, Gupta (en partie l'Inde actuelle) et la dynastie Han (Chine).

Autant de témoignages qui prouvent que des puissants empires à l'origine de civilisations complexes et créatives sont également fragiles et éphémères. Les chercheurs se sont alors intéressés aux facteurs qui provoquent l'effondrement des civilisations avancées afin d'identifier les risques actuels. Plusieurs facteurs déterminants apparaissent alors : la démographie, le climat, l'eau, l'agriculture et l'énergie, des sujets de société bien contemporains. Ces paramètres sont essentiels pour assurer la stabilité d'une civilisation et peuvent conduire à son effondrement lorsqu'ils convergent pour générer deux fonctions sociales essentielles : "la raréfaction des ressources en raison de la pression exercée sur la capacité de charge écologique" et "la stratification économique de la société en élites (riches) et la masse (pauvres)". Or, ces phénomènes ont joué "un rôle central dans les caractéristiques ou dans le processus d'effondrement", du moins dans "les cinq mille dernières années" des civilisations, note l'étude.

Nul besoin de rappeler que nos sociétés industrialisées actuelles connaissent les mêmes travers : une stratification économique très forte avec une poignée de nantis qui profite des richesses produites par la masse, accablée avec un niveau de vie tout juste suffisant pour survivre.

Trop souvent, les optimistes béats parient sur les bienfaits du "progrès" et de la technologie pour nous sauver de l'égoïsme de l'Homme en insistant sur l'amélioration de l'efficacité : "le changement technologique peut améliorer l'efficacité quant à l'utilisation des ressources, mais il a aussi tendance à augmenter à la fois la consommation de ressources par habitant et l'ampleur de l'extraction des ressources, de sorte que, avec l'absence de politiques adéquates, l'augmentation de la consommation compense souvent l'efficacité accrue de l'utilisation des ressources." nuance l'étude... C'est particulièrement vrai pour la plupart des biens de consommation qui consomment de l'énergie : on se félicite de leur consommation unitaire qui diminue avec les avancées technologiques (bien que ce soit moins vrai avec les smartphones) mais ils se démocratisent : on en achète de plus en plus et on les renouvelle de plus en plus vite, on parle d'obsolescence programmée. Au final, le gain en efficacité est ainsi largement contrebalancé par la consommation de masse et la multiplication de besoins finalement trop souvent futiles.

De plus, les chercheurs indiquent que les gains de productivité dans l'agriculture et l'industrie au cours des deux derniers siècles proviennent de l'augmentation de la quantité des ressources exploitées plutôt que des gains d'efficacité, aussi considérables ont-ils été.

Notre monde actuel est très proche de l'effondrement

Selon différentes modélisations mathématiques réalisées par Safa Motesharrei et ses collègues, les caractéristiques de notre monde actuel sont très proches des conditions nécessaires à l'effondrement de nos civilisations et il serait même difficile d'y échapper… Deux principaux scénarios d'effondrement sont avancés : Le premier passerait par la surconsommation de la minorité, les élites qui entraînerait alors l'épuisement des ressources pour la masse, privée du minimum pour survivre : c'est la famine par l'inégalité.

Un autre scénario se base sur l'exploitation soutenue de ressources limitées qui viennent à s'effondrer entraînant la masse dans le déclin, suivie ensuite par les élites. Dans les deux cas, la jouissance monopolistique de la richesse par les élites les aveuglent : épargnés (temporairement) par le besoin, ils ne conçoivent pas le processus d'effondrement en cours et poursuivent leurs activités comme si de rien n'était. Selon les chercheurs, c'est le même mécanisme qui a entraîné l'effondrement des civilisations mayas et romaines. En effet, dans le cas des Mayas, l'agriculture intensive et la déforestation ont apporté la famine et donc la dislocation de la base de la société. Les deux principales solutions avancées par les chercheurs sont : réduire les inégalités économiques de manière à assurer une répartition plus équitable des ressources, réduire considérablement la consommation des ressources tout en privilégiant les ressources renouvelables, moins intensives et en réduisant la croissance démographique, un sujet tabou et pourtant de plus en plus évident.

Une perspective effroyable renforcée par notre inaction face au réchauffement climatique

Si ces résultats peuvent sembler catastrophistes, ils sont malheureusement étayés par d'autres études prospectives comme celle de deux scientifiques américains. Erik M. Conway, historien à la NASA et Naomi Oreskes, historienne des sciences et professeure à l'université d'Harvard, ont publié en 2013 un article intitulé « The Collapse of Western Civilization: A View from the Future » dans le prestigieux journal du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Dans cet article ils se posent la question suivante : pourquoi sommes-nous restés inactifs, alors que nous disposions d'informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous savions quels terribles événements allaient suivre ?

Il s'en suit une prospective sur le déclin de l'humanité qui doit affronter le résultat de sa lâcheté : vagues de chaleurs sans précédent, hausse du niveau des océans, panique, émeutes, migrations de masse, hausse explosive des populations d'insectes, épidémies... L'ordre social s'effondre dans les années 2050 et les gouvernants, acquis à l'idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d'une intervention massive de l'état... Là aussi, en imaginant la situation vers laquelle l'humanité s'oriente si rien n'est fait, les auteurs montrent le piège des idéologies aveuglantes qui dominent : le positivisme et le fondamentalisme de marché. Malheureusement, ces mises en perspective apparaissent de moins en moins extravagantes tant nos sociétés s'acharnent, contre toute logique, à faire perdurer un modèle de société obsolète et sans aucun avenir.

Pourtant, il est encore tout à fait possible d'éviter de répéter les erreurs du passé et cet avenir catastrophique peut être écarté si des changements politiques et structurels forts sont mis en place. Plus que jamais, le scénario actuel du « business as usual » n'est plus soutenable : des mesures politiques courageuses et structurelles doivent être prises immédiatement pour éviter le pire. Et la « masse », les citoyens, libérés d'un système irresponsable et destructeur devraient en être le moteur : « sois le changement que tu veux voir dans ce monde » disait avec sagesse Gandhi.

Source : planete-info et école spécialisée enfants surdoués.



24/07/2014
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